« C’est parce qu’on m’a fermé, enfant, les portes de la vie que j’ai une telle envie d’ouvrir celles du cœur d’autrui pour y faire pénétrer la tendresse de Dieu. Il faut ouvrir les cœurs clos verrouillés par la haine, la misère, l’injustice, le péché aussi, et qui ne peuvent plus ni ne veulent plus s’ouvrir à la lumière à force d’avoir trop souffert ».
Le père Jean-Philippe Chauveau est né en 1950, et a grandi dans une cité de la Garenne-Colombes. Enfance marquée par le manque d’amour et la violence, petit caïd de banlieue, ce sont plusieurs rencontres qui bouleverseront sa vie, dont celle du père Marie-Dominique Philippe qui selon les mots de sainte Bernadette, fut le premier à le « regarder comme une personne ».
En octobre 1976, il rejoint un groupe d’étudiants dirigé par le père Marie-Dominique à Fribourg, groupe qui allait devenir en 1978 la communauté Saint-Jean. Il est ordonné prêtre le 8 septembre 1982 à Paray-le-Monial.
En 1984, le père Marie-Dominique, fondateur de la Communauté Saint-Jean, demande au père Jean-Philippe de s’occuper de toximanes. C’est ainsi qu’en 1987 naît l’Association Saint-Jean-Espérance.
En 1996, le père Jean-Philippe quitte Pellevoisin pour la Guinée-Conakry, puis est envoyé à Boulogne, dans les Hauts-de-Seine, à la paroisse Sainte-Cécile.
En 1998, le père Jean-Philippe Chauveau et des amis laïcs créent l’Association Magdalena.
Le père Jean-Philippe a sa place au sein de l’association en tant que fondateur, il a cependant quitté toute fonction opérationnelle, responsabilité qui a été transmise au père Christophe-Marie. Le père Jean-Philippe continue à intervenir lors de conférences ou colloques partout en France, tout en se consacrant à de nouvelles missions : la découverte d’un nouveau prieuré à Orléans et un projet de lieu d’accueil pour les personnes désirant sortir de la prostitution.
Retrouvez le Père Jean-Philippe Chauveau dans "Prêtres de choc"
Qui leur jettera la première pierre ?
"Alors, Padre, vous vous occupez des prostituées ? C’est formidable ! — Oui, en fait ce sont des transgenres. — Ah..." Lorsqu’on demande au père Jean-Philippe de témoigner de sa mission à l’association Magdalena, un silence gêné s’installe en général assez rapidement. Comment, en tant que prêtre, assumer un accompagnement humain et spirituel aussi délicat que celui des personnes prostituées transgenres ? Ce monde peut sembler étranger, et même effrayant, à bien des gens.
Des années après le début de l’aventure, l’initiateur dévoué de cette mission unique en son genre demeure lui-même surpris que la vie l’ait mené là. Du premier camping-car du bois de Boulogne à la maison d’accueil Magdalena, en passant par les pèlerinages à Lourdes, le père Jean-Philippe nous fait découvrir les réalités de l’accompagnement des personnes prostituées. Il nous invite ainsi à entrer avec lui dans un accueil de l’autre qui renonce à l’efficacité et consent à la seule présence.
Au fil de leurs témoignages, les personnes prostituées nous entraînent dans la simplicité de leur foi et de leur quête spirituelle. Loin de nous faire perdre notre latin, elles nous poussent à quitter nos zones de confort et nos cadres inutiles pour adopter un regard d’amour dénué de jugement : celui du Christ sur chacun de nous. Un véritable chemin de conversion qui nous fera peut-être affirmer avec l’auteur : " Les plus pauvres se sont occupés de moi."

Que celui qui n’a jamais péché

Aumônier de la maison d’arrêt de Nanterre le jour, « confesseur » de prostitués la nuit, le père Jean-Philippe fait partie de ces apôtres de la marge qui consacrent leur vie aux parias de la société. Au bois de Boulogne, tout le monde connaît sa camionnette à la porte toujours ouverte. Le camping-car du « Padre » veut être un havre de paix et d’accueil pour les travestis de la nuit. C’est aussi une chapelle ambulante où l’on parle du bien, du beau, de la vérité. Et où l’on prie ensemble avant de retrouver la dureté du trottoir.
Enfant martyrisé et délinquant précoce, le père Jean-Philippe pourrait actuellement être sous les verrous à Nanterre, ou « travelo » dans le Bois, ou toxicomane n’importe où. Grâce à certaines rencontres providentielles, c’est lui qui, aujourd’hui, écoute et conseille les personnes incarcérées, prostituées, droguées... Longtemps privé d’affection, il veut en donner à ceux qui en manquent. Ce résilient converti au Christ affirme qu’un regard de bonté peut sauver une vie. La sienne apporte la preuve qu’il dit vrai.
Que celui qui n’a jamais péché... a la force des grands récits qui rendent espoir et remettent en question nos idées toutes faites. Un témoignage exceptionnel.
Le père Jean-Philippe est un religieux de la communauté Saint-Jean. Que celui qui n’a jamais péché... est son premier ouvrage publié.